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La disparition

Le mouvement d’unification linguistique du pays s’est accompagné de ce qu’il faut bien appeler une propagande. Pour asseoir « sa » langue, le français, l’Etat a longtemps présenté comme de vulgaires patois sans intérêt des langues comme le corse, le breton ou le béarnais. Cette propagande a d’autant mieux réussi que rares sont les Français à disposer de connaissances sur les langues régionales – il est vrai que l’on a rarement cherché à leur en donner. Même les locuteurs se sont peu à peu persuadés de leur infériorité! Jusqu’à les présenter eux-mêmes comme des « patois », définis ainsi par le Petit Robert : « parler local, dialecte employé par une population généralement peu nombreuse, souvent rurale, et dont la culture, le niveau de civilisation sont jugés comme inférieurs à ceux du milieu environnant. » (source Michel Feltin-Palas, 31/03/2012, L’Express)

Après la guerre (1939-1945), le patois était interdit à l’école. L’enfant surpris à parler le dialecte, recevait un objet (un crayon de papier, un canif, une cuillère, un bouton….) qu’il devait transmettre à un autre qui, lui aussi, avait parlé patois. Celui qui était en possession de l’objet le soir, était puni. Ceci se passait aussi dans d’autres régions qui parlaient leur langue régionale, le Breton par exemple. L’objet qui passait de main en main était appelé « la honte ». Pourquoi cela ? Après guerre on voulait tout uniformiser, donc toutes les particularités devaient disparaître. Après de tels agissements, comment voulait-on que les jeunes soient fiers de leur région et de leur langue. Ils en avaient plutôt honte…. (source Lübeln ûn sin plòt, Marc Mouth)

« Cette vivacité du francique, langue du travail, langue de la famille et de la communauté est paradoxalement compensée par une faible fierté identitaire des locuteurs. Aujourd’hui encore et malgré le formidable travail d’information des associations, (…) il n’est pas rare d’entendre « c’est un patois », « c’est du mauvais allemand » dans la bouche de ceux-là même qui transmettent cette culture vivante.(…) » (source Hervé ATAMANIUK)