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La ligne de démarcation.

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La ligne de démarcation. Histoires de Lorraine et du Grand-Duché de Luxembourg. Auteur Colonel Rémy

« … Pour aller d’ici à la forêt de Mailly, je les ai fait passer par des petits chemins en évitant Secourt, où étaient installés les douaniers allemands qui ne faisaient des rondes que toutes les deux ou trois heures. Le coin était absolument tranquille, et le tout était de se glisser entre deux patrouilles. Nos gars ont bien suivi mes instructions et sont arrivés en zone libre comme on l’a su plus tard. Ensuite ? Eh bien ! on a continué. »
– Toujours avec des prisonniers évadés ?
– Toujours. Des prisonniers qui arrivaient de la Sarre ou même de plus loin en Allemagne. J’en ai eu deux qui venaient à bicyclette jusque de Nuremberg. Ils s’étaient débrouillés pour avoir une casquette allemande à visière, une sacoche avec dedans un mètre qui dépassait, et quand ils rencontraient des Allemands ils levaient le bras en disant « Heil Hitler ! » Ces deux gars-là sont venus deux fois chez moi. La première fois, ils s’étaient fait reprendre. La deuxième, ils sont arrivés à la maison sur leurs vélos un an après, jour pour jour.
– D’où ces prisonniers qui se présentaient chez vous tenaient-ils votre adresse ? Ce n’est pas si commode de trouver Domangeville ?
– Regardez la carte. Vous voyez Saint-Avold ? Et, tout à côté, sur la route de Metz, Longeville-lès-Saint-Avold ? Il y avait là un ancien sergent, mobilisé avec moi en 39, qui me connaissait bien. Longeville, quand on vient d’Allemagne, c’est sur la route. Aux évadés qu’il rencontrait, l’ancien sergent disait :  » Tenez, allez donc chez M. Hocquart, à Domangeville », et le tour était joué.
– Combien avez-vous reçu de ces prisonniers de guerre évadés des camps d’Allemagne ?
– Vous savez, je n’ai pas tenu de livre de comptes ! Disons une cinquantaine, et on sera près de la vérité.